Introduction :
Pour présenter un personnage si complexe, si intéressant et si passionnant à tout point de vue, notamment par son parcours de savant reconnu dans tous les domaines, qui reste cependant simple, son humilité, sa subsistance d’ordre spirituelle, le rendant exemplaire et exceptionnel, écoutons l’un de ses amis et disciple :
THEODORE MONOD OU LA LUCIDITE
" Chaque jour nous entendons parler de l’" aube du troisième millénaire ", Théodore Monod nous montre combien cette description est fallacieuse. L’ère chrétienne n’aura pas de troisième millénaire ; elle a pris fin le 6 août 1945. Depuis, l’humanité est entrée dans l’ère nucléaire ; nous ne sommes pas encore dans la cinquantième année de cette ère où les conditions de la survie de notre espèce doivent être fondamentalement repensées.
Chaque jour nous entendons des appels à la croissance de la consommation, seule issue au problème du chômage. Théodore Monod nous montre que nos vrais besoins sont biens limités, que, dans le désert, la survie est assurée par une poignée de dattes, une gourde d’eau, que nous croulons sous l’accumulation de nos désirs artificiels trop vite satisfaits, et que la Terre ne peut indéfiniment supporter notre boulimie.
Chaque jour nous recevons la consigne d’être efficaces, réalistes, compétitifs. Théodore Monod nous montre que cette course aveugle, éperdue, nous mène à l’abîme. Il préfère la lucidité de l’utopie qui nous fait choisir une étoile lointaine, sans doute inaccessible, mais vers laquelle on se dirige et qui guide nos choix quotidiens.
En cette période où
les repères semblent avoir disparu, il nous en propose qui peuvent nous faire
bifurquer vers de nouveaux horizons. Il est urgent de l’écouter. "
Albert
JACQUART
extrait du Chercheur d’absolu,
de Théodore Monod
Prélude à
la découverte d’une personnalité hors du commun
Cet
exposé ne pourra pas prétendre faire un bilan ou une synthèse de toute
l’existence de Théodore Monod ce qui serait probablement manquer de respect :
on ne peut pas résumer quatre vingt quinze ans d’une vie aussi chargée, aussi
remplie que celle du savant dont le nom restera gravé dans l’histoire de la
science africaine sans doute à la fois comme " fondateur de la
recherche africaine " et comme " prince des
sables ". Ce nom, d’ailleurs, certainement peu connu des occidentaux
qui en général ont des préoccupations beaucoup plus profitables que de
s’intéresser au parcours d’un patriarche dans le désert.
" Pourquoi le désert
? ", réflexion quotidienne des incrédules qui jugent rapidement le désert sur son sens étymologique : vide, néant, inhabité, rareté du peuplement, de la faune et de la flore... mais
l’intérêt n’est ni l’abondance, ni la prolifération, " moins il y en
a, plus il faut apprendre à regarder " et Théodore Monod a fait ainsi
la preuve que les espèces végétales et animales existent dans le désert et sont
dignes d’intérêts. Pourquoi rejette-t-on ce que l’on ne connaît pas ou très mal
? Théodore Monod s’est passionné pour le désert parce qu’il y a trouvé ce qu’il
cherchait : lieux merveilleux pour les études scientifiques diverses, mais également
lieux de silence et de méditation. Le désert présente l’essence de la nature
sans aucun artifice, la main de l’homme n’y a pas de prises " pas de
béton ni de poteaux télégraphiques ". Théodore Monod ajoute à propos
de sa passion pour le désert : " Et puis c’est beau. Il se trouve que
c’est beau, c’est une chance. "
Toutefois, cet exposé essaiera
d’apporter les rudiments permettant la compréhension de ce personnage atypique
autant sur le plan des ses recherches et ses travaux scientifiques qu’un bref historique
de sa vie dont la généalogie est pour beaucoup dans l’élève
" extraordinairement brillant " puis le savant passionné
qu’il est devenu. Enfin, il s’agira de présenter les convictions intimes
défendues de manière très actives par Théodore Monod ainsi que sa
‘philosophie’.
Cependant, l’objectif de cet exposé ne
sera atteint que si l’émotion que suscite l’étude d’un tel personnage ainsi que
la passion et la transcendance qu’il a rencontré à la découverte du désert
essentiellement, vous est communiquée. C’est pourquoi l’ambition de cet exposé
n’est pas de retracer de manière exhaustive l’existence de Théodore Monod, bien
que nous essayerons d’être le plus complet possible, mais de vous faire
partager l’opinion très sage d’un homme au destin exceptionnel, de vous faire
partager les moments d’émotion qui ont pu rythmer sa vie lors de ses méharées,
et de vous faire partager son amour de la science, de la connaissance et du
Sahara.
Pour m'écrire : ljyvais@wanadoo.fr